Lorsque la trésorerie devient tendue, que les factures s’empilent et que les échéances ne peuvent plus être honorées, beaucoup de dirigeants ressentent un mélange de stress, de culpabilité… et d’isolement.

Pourtant, des dispositifs existent pour encadrer ces situations délicates et éviter que la situation ne dérape. Parmi eux : la procédure collective, un mécanisme juridique souvent mal compris, mais conçu pour aider les entreprises à affronter la tempête.

Procédure collective

Ce guide vous donne les clés pour comprendre ce qu’est une procédure collective, à quel moment elle s’impose, quelles sont les étapes à suivre, et surtout comment s’en sortir.

Qu’est-ce qu’une procédure collective ?

Une procédure collective est une procédure judiciaire mise en place lorsqu’une entreprise ne peut plus régler ses dettes à échéance. Elle vise à organiser, sous l’autorité du tribunal de commerce, le traitement des difficultés financières d’une entreprise en stoppant les poursuites individuelles des créanciers et en recherchant, si possible, une issue favorable pour la poursuite de l’activité.

Ce n’est donc pas une punition, mais un cadre légal pour gérer une situation critique, avec l’objectif de préserver les emplois, de sauver ce qui peut l’être et, parfois, de repartir sur de meilleures bases.

📌 Procédure collective

La procédure collective est une démarche judiciaire engagée lorsqu'une entreprise fait face à des difficultés financières. Elle regroupe les créanciers pour organiser le règlement des dettes et peut prendre la forme d'une sauvegarde, d'un redressement ou d'une liquidation judiciaire. Ce dispositif vise à protéger les intérêts des créanciers tout en favorisant la continuité de l'activité ou sa cessation ordonnée. Elle est encadrés par le Code de commerce.

Les principales procédures collectives

Il existe trois types de procédures collectives en France, adaptées au degré de gravité de la situation de l’entreprise.

  • La procédure de sauvegarde
    Elle s’adresse aux entreprises en difficulté, mais qui ne sont pas encore en cessation des paiements. L’objectif est d’anticiper les problèmes à venir en réorganisant l’activité sous protection du tribunal. Elle est volontaire, c’est-à-dire que c’est le dirigeant qui en prend l’initiative.
    Exemple : une entreprise dont le carnet de commandes chute brutalement mais qui dispose encore de trésorerie peut demander une procédure de sauvegarde pour négocier avec ses créanciers avant que la situation ne devienne irréversible.
  • Le redressement judiciaire
    C’est la procédure engagée lorsque l’entreprise est déjà en cessation des paiements, mais que son redressement semble encore possible. Un administrateur judiciaire peut être nommé pour piloter la restructuration, tandis qu’un plan de redressement est élaboré pour apurer les dettes sur plusieurs années.
    Le dirigeant conserve la main, mais certaines décisions doivent être validées par le tribunal ou par l’administrateur.
  • La liquidation judiciaire
    C’est la procédure la plus lourde : elle intervient quand le redressement est manifestement impossible. L’activité cesse, les biens de l’entreprise sont vendus pour rembourser, autant que possible, les créanciers. Elle peut être demandée par le dirigeant lui-même, un créancier ou le tribunal.
    Elle marque généralement la fin de l’entreprise sous sa forme actuelle.
Les principales procédures collectives
Bon à savoir Une procédure collective ne signifie pas que les dettes disparaissent. Elles sont gelées et traitées collectivement, mais elles doivent être remboursées selon un plan approuvé (sauf en cas de liquidation). Ne vous attendez pas à une "remise à zéro" sans contrepartie.

Les procédures collectives : pour quoi faire ?

Les procédures collectives ont une finalité claire : sauver ce qui peut l’être dans une entreprise en difficulté, ou organiser la fin de son activité si aucun redressement n’est possible. Lorsqu’une entreprise est confrontée à des difficultés financières majeures, ces dispositifs, ouverts et encadrés par le tribunal de commerce ou de grande instance, permettent soit de préserver l’activité, soit de rembourser au mieux les créanciers en cas de faillite avérée.

Leur principal avantage, et non des moindres, est la suspension immédiate des poursuites individuelles : les créanciers (banques, fournisseurs, organismes sociaux…) ne peuvent plus agir seuls contre l’entreprise, et les intérêts ou pénalités de retard cessent de courir. Autrement dit, les procédures collectives offrent un répit précieux au dirigeant pour reprendre la main, négocier un plan et éviter l’effondrement désordonné de la structure.

Comment savoir si votre entreprise est concernée ?

La frontière entre difficulté passagère et situation critique n’est pas toujours nette. Mais un indicateur fait foi : la cessation des paiements, qui se produit lorsque l’entreprise ne peut plus régler ses dettes exigibles avec son actif disponible.

Des signes d’alerte à ne pas négliger :

  • découverts bancaires persistants
  • relances fournisseurs de plus en plus fréquentes
  • retards de paiement URSSAF ou impôts
  • salaires payés en décalé…

Si vous identifiez ces signaux, il est essentiel d’agir rapidement. Plus une entreprise anticipe, plus elle conserve de leviers de négociation avec ses créanciers, ses partenaires… et la justice.

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Important Dès que votre entreprise est en cessation des paiements, vous avez 45 jours maximum pour vous déclarer au tribunal de commerce. Passé ce délai, vous risquez des sanctions personnelles pour "dépôt tardif".

Que faire si vous êtes en difficulté ?

En tant que chef d’entreprise, vous avez des obligations, mais surtout des droits.

Voici les étapes à suivre :

  • Évaluez précisément votre situation : demandez à votre expert-comptable un état de la trésorerie, du poste clients, du passif exigible.
  • Consultez un conseil spécialisé : avocat en droit des entreprises en difficulté, mandataire ad hoc, CCI…
  • N’attendez pas le point de rupture : si vous êtes en cessation de paiements, vous avez 45 jours pour déposer une déclaration au tribunal de commerce. Dépasser ce délai peut engager votre responsabilité personnelle.

Le tribunal ne cherche pas à sanctionner, mais à vous accompagner dans la recherche d’une solution viable.

Bon à savoir Avant toute procédure publique, vous pouvez recourir à un mandat ad hoc ou une conciliation. Ces démarches sont discrètes, non publiées au BODACC, et permettent souvent de négocier un accord amiable avec vos créanciers.

La sauvegarde accélérée : un outil pour restructurer vite et discrètement

La sauvegarde accélérée est une procédure collective à part, conçue pour les entreprises qui connaissent des difficultés sérieuses mais ont déjà obtenu un accord de principe avec leurs principaux créanciers (banques, obligataires, fournisseurs stratégiques…).

Moins connue que la sauvegarde classique, elle est réservée aux entreprises de taille intermédiaire et suppose que l’entreprise ne soit pas encore en cessation des paiements.

Son principal atout ? Sa vitesse : la procédure ne dure que quelques semaines. Elle permet d’homologuer rapidement un accord de restructuration en le rendant opposable à tous les créanciers concernés, y compris ceux qui refusaient jusque-là de signer.

C’est une arme de précision, souvent utilisée dans le cadre d’un plan de retournement déjà bien avancé, pour gagner du temps et sécuriser les négociations sans passer par un long processus judiciaire.

Le déroulé d’une procédure collective

Chaque procédure collective suit un chemin relativement balisé :

  • Ouverture : à la demande du dirigeant, d’un créancier ou d’office par le tribunal.
  • Nomination d’un administrateur judiciaire (sauf dans certains cas).
  • Période d’observation : gel des dettes, audit de l’entreprise, analyse de viabilité.
  • Plan de redressement ou de sauvegarde : étalement des dettes, cessions, restructuration…
  • Sortie de procédure : par réussite du plan, conversion en liquidation judiciaire ou clôture pour insuffisance d’actif.

Tout au long de la procédure, la communication est essentielle : avec vos salariés, vos clients, vos partenaires. Garder le lien, expliquer, rassurer est souvent un facteur clé pour éviter l’isolement ou la fuite des clients.

Bon à savoir : faillite ou cessation de paiements, quelle différence ? On parle souvent de faillite pour désigner une entreprise en grande difficulté, mais en réalité, c’est un abus de langage. Le terme exact en droit français est "cessation de paiements". Elle correspond à l’incapacité d’un débiteur, ici, une entreprise, de faire face à ses dettes exigibles avec son actif disponible. C’est cette situation qui oblige le dirigeant à déposer le bilan auprès du tribunal de commerce dans un délai maximum de 45 jours. Le juge examinera alors la situation pour confirmer ou non l’état de cessation de paiements. La procédure collective (redressement ou liquidation) sera ensuite enclenchée en fonction de la gravité du cas. Retenez donc que la "faillite", dans le langage courant, recouvre une réalité juridique bien précise, encadrée par la loi.

Comment initier une procédure collective ?

Les démarches auprès du tribunal de commerce

Lorsque votre entreprise est en cessation de paiements, c’est-à-dire qu’elle ne peut plus faire face à ses dettes exigibles avec sa trésorerie, vous avez 45 jours pour en informer le tribunal de commerce (ou judiciaire) si vous exercez une profession libérale). Ce délai est impératif : le dépasser expose à des sanctions personnelles.

La demande se fait par dépôt d’un dossier au greffe. Vous pouvez demander :

  • l’ouverture d’une procédure de sauvegarde (si vous n’êtes pas encore en cessation)
  • un redressement judiciaire (si vous estimez pouvoir redresser l’entreprise)
  • ou une liquidation judiciaire (si vous considérez qu’il n’y a plus d’issue)

Un entretien avec le président du tribunal est généralement proposé pour comprendre votre situation, vos intentions et vos perspectives de rebond.

Le rôle du mandataire judiciaire

Dès l’ouverture de la procédure, un mandataire judiciaire est désigné. Son rôle est de :

  • représenter les intérêts des créanciers
  • recueillir les déclarations de créances
  • suivre les flux financiers et la gestion courante
  • accompagner le dirigeant dans la mise en place du plan de sauvegarde ou de redressement

Dans les cas les plus complexes, un administrateur judiciaire peut également être nommé. Il peut assister le chef d’entreprise dans la gestion, voire le remplacer temporairement pour certaines décisions.

Ne voyez pas ces professionnels comme des "contrôleurs" hostiles : leur mission est de préserver ce qui peut l’être, pas de tout fermer.

Les documents et délais à prévoir

Préparez les éléments suivants :

  • bilan comptable récent et compte de résultat
  • relevé de dettes fournisseurs, fiscales et sociales
  • état de la trésorerie
  • liste des salariés et contrats en cours
  • extrait Kbis, statuts, contrats en cours

Un conseil : faites-vous accompagner par votre expert-comptable ou un avocat spécialisé. Un dossier clair et bien présenté accélère la procédure et rassure les juges.

Processus de la procédures collectives

Quels sont les actifs disponibles ?

En procédure collective, les actifs disponibles désignent l’ensemble des liquidités ou biens immédiatement mobilisables par une entreprise pour faire face à ses dettes exigibles à court terme. C’est une notion centrale pour déterminer l’état de cessation de paiements.

1. Les liquidités en caisse et en banque

  • Soldes positifs des comptes bancaires
  • Fonds en caisse (espèces disponibles immédiatement)

Ce sont les éléments les plus évidents à mobiliser.

2. Les encaissements immédiats prévisibles

  • Virements bancaires en cours
  • Effets de commerce arrivant à échéance très prochainement/li>
  • Créances clients certaines, liquides et exigibles (à condition qu’elles soient réellement recouvrables sans délai)

Les créances douteuses ou litigieuses ne sont pas considérées comme des actifs disponibles.

3. Les lignes de crédit confirmées non utilisées

  • Découverts bancaires autorisés
  • Crédits de trésorerie mobilisables immédiatement (affacturage, Dailly...)

Attention : Seules les lignes déjà ouvertes et utilisables à court terme sont prises en compte. Une demande de financement en cours ne l’est pas..

Ne sont pas considérés comme actifs disponibles :

  • Les stocks (trop longs à vendre ou à transformer en trésorerie)
  • Les immobilisations (machines, locaux, véhicules…)
  • Les créances douteuses ou litigeuses
  • Les apports d’associés non versés
  • Les actifs dont la vente nécessiterait une procédure longue (cessions, ventes judiciaires…)

Classement des créanciers en procédure collective

Dans le cadre d’une procédure collective, les créanciers sont classés par catégories selon la nature, l’antériorité et les garanties associées à leur créance. Ce classement est essentiel pour déterminer l’ordre des remboursements en cas de redressement ou de liquidation.

1. Les créanciers privilégiés

Ce sont ceux qui bénéficient d’un droit de priorité sur les autres. On les distingue en deux sous-catégories :

  • Créanciers privilégiés généraux : ils ont un privilège sur l’ensemble du patrimoine du débiteur. Il s’agit notamment : du Trésor public (impôts), des organismes sociaux (URSSAF, etc.), des salariés (privilège pour les salaires impayés).
  • Créanciers privilégiés spéciaux : leur privilège porte sur un bien spécifique. Par exemple : une banque qui détient une hypothèque sur un immeuble, un fournisseur bénéficiant d’une clause de réserve de propriété.

2. Les créanciers chirographaires

Ce sont les créanciers ordinaires, c’est-à-dire ceux qui n’ont aucun privilège ni garantie particulière. Ils arrivent en dernier dans l’ordre des paiements. Cela inclut :

  • les fournisseurs classiques,
  • les prestataires de services,
  • es créanciers contractuels non garantis.

Ils subissent généralement les plus fortes pertes dans le cadre d’une liquidation.

3. Les créanciers postérieurs au jugement

Il s’agit des créanciers dont les créances sont nées après l’ouverture de la procédure collective, et qui sont indispensables à la poursuite de l’activité. Leur traitement est particulier :

  • leurs créances sont souvent payées en priorité sur les autres (sous conditions),
  • à condition qu’elles soient validées par l’administrateur ou le mandataire judiciaire.

Exemple : un fournisseur livrant des matières premières après le jugement d’ouverture dans le cadre de la poursuite d’activité.

4. Les créanciers titulaires de sûretés

Ils disposent de garanties spécifiques qui leur confèrent un statut intermédiaire entre les chirographaires et les privilégiés. Il peut s’agir :

  • d’un nantissement (ex : fonds de commerce)
  • d’un gage (ex : stocks, véhicules)
  • d'une hypothèque (ex : bien immobilier)

Ces créanciers peuvent être remboursés grâce au produit de la vente du bien concerné, indépendamment du reste de la procédure.

5. Les créanciers sous clause de réserve de propriété

Ces fournisseurs restent juridiquement propriétaires des biens livrés tant qu’ils ne sont pas intégralement payés. Ils peuvent donc, sous certaines conditions, revendiquer la reprise des marchandises en cas de procédure collective.

Classement des créanciers en procédure collective

Quelles conséquences pour le dirigeant ?

Une procédure collective n’entraîne pas automatiquement de sanctions personnelles. En sauvegarde ou redressement, le dirigeant reste aux commandes. Toutefois :

  • En cas de faute de gestion, il peut être mis en cause
  • Des interdictions de gérer peuvent être prononcées
  • Des sanctions civiles ou pénales sont possibles (banqueroute, abus de biens sociaux, etc.)

La transparence, la coopération avec les organes de la procédure et l’anticipation sont les meilleurs remparts pour protéger le dirigeant.

Bon à savoir Dans la majorité des cas, le dirigeant reste en poste pendant la procédure, même en redressement judiciaire. Il est encadré par des professionnels (mandataire, administrateur) mais ne perd pas automatiquement la main sur l’entreprise.

L’affacturage : une solution pour éviter la procédure collective

Trop souvent négligée, l’affacturage peut pourtant être un outil décisif pour éviter le basculement vers une procédure collective.

En cédant vos créances clients à un factor, vous transformez immédiatement vos factures en trésorerie disponible, sans avoir besoin d’attendre 30, 60 ou 90 jours. Cela permet :

  • de payer vos fournisseurs sans retard
  • de préserver votre crédibilité bancaire
  • de rééquilibrer votre trésorerie avant qu’il ne soit trop tard

Dans certains cas, un affacturage bien structuré peut suffire à éviter la cessation des paiements. C’est une alternative concrète, rapide à mettre en place, et de plus en plus accessible, y compris pour les TPE.

À noter : certains factors proposent des services "confidentiels" ou sans recours, qui permettent de ne pas alourdir le bilan et d’éviter les alarmes bancaires.

Où trouver de l’aide ?

Vous n’êtes pas seul. Plusieurs structures accompagnent les dirigeants confrontés à des difficultés :

  • Le tribunal de commerce de votre ressort
  • Les CCI (Chambres de commerce et d’industrie)
  • Les avocats en droit des entreprises en difficulté
  • Des plateformes spécialisées ou des courtiers en financement (affacturage, restructuration…)
  • L’APESA, qui offre un soutien psychologique aux dirigeants en détresse
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Important Vos fournisseurs, banques ou organismes sociaux ont 2 mois après la publication de la procédure au BODACC pour déclarer leurs créances. Passé ce délai, ils peuvent perdre leur droit d’être payés.

Impact d’une procédure collective sur l’entreprise

Sur les salariés

L’ouverture d’une procédure collective ne signifie pas immédiatement licenciement ou fermeture.

Pendant la période d’observation, les contrats de travail sont en principe maintenus. Si des licenciements économiques s’avèrent nécessaires, ils seront encadrés par le tribunal et validés dans le cadre d’un plan.

Le mandataire judiciaire peut aussi faire intervenir l’AGS (Assurance Garantie des Salaires) en cas de retard de paiement des salaires.

C’est un moment sensible pour les équipes : transparence et communication interne sont essentielles pour éviter les rumeurs, les départs en cascade ou la démobilisation.

Sur les partenaires : clients et fournisseurs

La procédure a deux effets immédiats :

  • les dettes antérieures à l’ouverture sont gelées et traitées collectivement
  • les créanciers doivent déclarer leurs créances dans un délai de 2 mois après la publication du jugement au BODACC

Les fournisseurs peuvent être inquiets. Pour les rassurer :

  • tenez-les informés
  • maintenez une relation de confiance
  • proposez, si possible, de régler les commandes postérieures "au comptant"

Les clients, eux, peuvent s’interroger sur la continuité de service. Là encore, votre communication est clé.

Sur les dirigeants

Tant que la procédure n’aboutit pas à une faute de gestion caractérisée, le dirigeant conserve ses fonctions. Mais il doit :

  • coopérer avec les organes judiciaires
  • éviter tout acte risqué (dépenses injustifiées, préférences accordées à certains créanciers, etc.),
  • tenir à jour sa comptabilité et ses registres légaux.

En cas de gestion abusive ou frauduleuse, des sanctions peuvent tomber : interdiction de gérer, comblement de passif ou même sanctions pénales (banqueroute).

Tableau récapitulatif des conditions d’ouverture des procédures collectives

Procédure Situation de l'entreprise À l'initiative de Objectif
Sauvegarde judiciaire Difficultés prévisibles mais pas en cessation des paiements Dirigeant uniquement Prévenir la cessation des paiements, réorganiser l’entreprise
Redressement judiciaire Entreprise en cessation de paiements mais avec espoir de redressement Dirigeant, créancier ou tribunal Permettre la poursuite de l’activité et l’apurement du passif
Liquidation judiciaire Entreprise en cessation de paiements et sans perspective de redressement Dirigeant, créancier ou tribunal Mettre fin à l’activité et vendre les actifs pour rembourser les créanciers

Conseils pour anticiper ou éviter une procédure collective

Suivi de trésorerie et gestion préventive

C’est le nerf de la guerre. De nombreuses entreprises plongent non pas par manque de clients, mais faute d’anticipation financière.

Adoptez les bons réflexes :

  • élaborez un plan de trésorerie à 3 ou 6 mois
  • surveillez vos encaissements, votre poste clients et vos délais fournisseurs
  • identifiez les zones de tension avant qu’elles ne deviennent critiques

Des outils simples (Excel bien structuré, logiciels comptables intégrés) suffisent souvent.

Recours aux dispositifs d’accompagnement

Avant même de penser au tribunal, des solutions existent :

  • la médiation du crédit, si votre banque vous ferme la porte
  • le CODEFI, cellule départementale rattachée au ministère de l’Économie pour aider les PME
  • les commissaires aux restructurations et à la prévention des difficultés (CRP)
  • le mandat ad hoc ou la conciliation, deux procédures confidentielles pour négocier à l’amiable avec les créanciers avant que la situation ne s’aggrave

Ces dispositifs sont encore trop peu utilisés souvent par méconnaissance ou par peur d’être stigmatisé.

Audit et restructuration en amont

Parfois, un simple regard extérieur peut faire toute la différence. Faites appel à un conseil ou un expert-comptable pour :

  • analyser vos coûts fixes
  • identifier des lignes de produits non rentables
  • renégocier certains contrats fournisseurs
  • étudier des solutions de financement à court terme (affacturage, lease-back, mobilisation de créances...)

N’attendez pas la panne sèche. Un dirigeant proactif garde toujours plus de marges de manœuvre qu’un chef d’entreprise dos au mur.

Procédure collective en ligne via le tribunal digital

Une procédure collective peut également être initiée en ligne via le portail Tribunal Digital à cette adresse www.tribunaldigital.fr, ce qui facilite grandement les démarches pour les dirigeants.

La demande d’ouverture de sauvegarde, redressement ou liquidation est déposée au greffe du tribunal de commerce ou des activités économiques compétent. Ce dossier doit exposer la nature des difficultés rencontrées et, pour le redressement ou la liquidation, justifier de l’état de cessation des paiements : incapacité de faire face au passif exigible avec l’actif disponible.

La demande doit être déposée dans un délai impératif de 45 jours à compter de la cessation des paiements, sous peine de sanctions personnelles pour le dirigeant.

Le Tribunal, lors d’une audience en chambre du conseil, peut accepter ou refuser l’ouverture selon les conditions de forme et de fond. Un entretien avec le dirigeant, parfois avec les représentants du personnel, permet d’évaluer le sérieux du dossier.

Enfin, le dépôt via Tribunal Digital permet un suivi sécurisé du dossier, avec accès aux modèles Cerfa de saisine, aux notifications électroniques et au dossier numérique de procédure. Ce service simplifie la démarche tout en renforçant la traçabilité légale de la saisine judiciaire.

Les solutions préventives

Avant de parler procédure collective, sachez qu’il existe des dispositifs confidentiels et préventifs pour traiter les difficultés en amont, sans alerter vos clients ni vos partenaires. Si vous sentez que la situation commence à se tendreretards de règlement, trésorerie à flux tendu, pression bancaire — il est encore temps d’agir sans passer par une procédure publique.

Deux outils sont à votre disposition :

  • Le mandat ad hoc : à votre demande, le tribunal peut désigner un mandataire indépendant qui vous accompagne discrètement dans la renégociation de vos dettes ou la résolution d’un conflit financier. Il n’a aucun pouvoir contraignant, mais sa présence pèse dans les négociations.
  • La conciliation : si vos difficultés sont avérées mais réversibles, vous pouvez demander au président du tribunal la désignation d’un conciliateur. Sa mission : vous aider à trouver un accord amiable avec vos créanciers, sans passer par une audience publique. L’accord, s’il est homologué, devient exécutoire.

Ces dispositifs peuvent faire la différence entre une simple tension passagère et un basculement vers l’insolvabilité. Ne restez pas seul face aux difficultés : des professionnels du droit, du chiffre ou du financement peuvent vous aider à reprendre le contrôle avant qu’il ne soit trop tard.

En conclusion : anticiper, agir, rebondir

La procédure collective n’est pas la fin d’une histoire. Elle peut être un tournant, un moment pour assainir, réorganiser, repartir.

Mais elle ne doit pas être subie. En tant que dirigeant, plus vous anticipez, plus vous gardez la main. Et avec les bons outils, affacturage, conseil, appui juridique, vous pouvez transformer une situation critique en opportunité de rebond.

FAQ : procédure collective, ce que tout dirigeant doit savoir

Qu’est-ce qu’une procédure collective exactement ?

👉 Il s’agit d’une démarche judiciaire enclenchée quand une entreprise ne parvient plus à régler ses dettes. Elle vise à encadrer la gestion de ces dettes, sous supervision d’un tribunal, dans le but de sauvegarder ou liquider l’activité selon la gravité de la situation.

Est-ce que je perds immédiatement le contrôle de mon entreprise ?

👉 Non. Le dirigeant conserve généralement ses fonctions, sauf en cas de faute grave. Il agit sous contrôle du mandataire ou de l’administrateur judiciaire, selon la procédure engagée.

Dois-je prévenir mes salariés ou mes clients ?

👉 Aucune obligation légale, mais il est vivement conseillé de communiquer clairement pour préserver la confiance. Un discours transparent permet de limiter la démobilisation ou les ruptures de contrat précipitées.

Qui peut demander l’ouverture d’une procédure collective ?

👉 Le dirigeant, un créancier ou le ministère public peuvent en faire la demande. Le tribunal peut aussi agir de sa propre initiative dans certains cas.

Combien de temps dure une procédure collective ?

👉 Tout dépend de la nature et de la complexité de la procédure. Une liquidation peut durer quelques mois, tandis qu’un redressement judiciaire peut s’étaler sur plusieurs années.

Puis-je créer une nouvelle entreprise après une procédure collective ?

👉 Oui, sauf si une interdiction de gérer a été prononcée. Dans la plupart des cas, vous conservez votre droit d’entreprendre, de diriger ou d’investir à nouveau.

Puis-je être personnellement responsable des dettes ?

👉 Non, sauf si vous avez signé des cautions personnelles ou si le tribunal établit une faute de gestion. La responsabilité est en principe limitée à la société.

Existe-t-il des alternatives à la procédure collective ?

👉 Oui : mandat ad hoc, conciliation, médiation du crédit... Ces solutions confidentielles permettent d’éviter une procédure publique et de trouver un accord avec les créanciers.

Qui paie les salaires pendant la procédure ?

👉 Si l’entreprise ne peut plus les assumer, l’AGS (Assurance Garantie des Salaires) prend le relais temporairement pour protéger les salariés.

Comment éviter d’en arriver là ?

👉 En suivant de près votre trésorerie, en anticipant les difficultés, en sollicitant des conseillers ou en activant des leviers comme l’affacturage ou la médiation du crédit avant qu’il ne soit trop tard.

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